1995-1996

Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas d'un film dont je souhaite vous parler mais de deux années qui ont marqué ma vie d'amateur de cinéma.

1995 et 1996 constituent à mes yeux deux années très particulières du point de vue cinématographique. Mais pourquoi donc ? Je sens, fidèle lecteur, que tu es au bord de l’apoplexie, tu transpires, tes membres sont tremblants (presqu’autant que pour la sortie du dernier « Twilight »…) Qu’a-t-il bien pu se passer en 1995 et 1996 ?

Il est sorti en 22 mois, 16 films dont personne ne viendra contester la valeur. Des chefs-d’œuvre et du très bon. Et ce qui m’a poussé à partager cela, c’est la sensation que tout aujourd’hui est définitivement aux mains du marketing et des têtes pensantes qui définissent où et quand il faut sortir un film ! Avant ou après les oscars ? Avant ou après les Césars ? Avant ou après le festival de Cannes ? Avant l’été ? Ah non, pas au mois d’Août ! Décembre ? Non, on va se faire bouffer par les dessins animés…

Je vous prends à témoins. Quand avez-vous pu pour la dernière fois aller voir - en moins de 2 ans - deux films avec Pacino, deux films avec De Niro, deux films avec Bruce Willis, trois films avec Brad Pitt dans des longs-métrages des Coen, de Fincher, d’Amenabar, de Clint Eastwood, de Michaël Mann, de Scorsese, de Kathryn Bigelow, de Brian Singer…avec des acteurs comme Cage, Willis, Freeman, Spacey, Eastwood, Bacon (non pas Francis, l’autre, Kévin) ?

Tout simplement entre février 1995  et décembre 1996, en France, près de chez vous. Et pour ne pas être en reste, le cinéma français, sur cette période, nous offre Gazon Maudit de Balasko, Les trois frères des Inconnus et Les anges Gardiens de Poiré. (Eh oui, la mode n'était pas à la comédie romantique niaise avec trentenaires déprimés à tous les étages).

Evidemment, ça change de l’offre que nous avons aujourd’hui…Loin de moi l’idée de passer pour un passéiste, un stakhanoviste de la nostalgie cherchant tous les prétextes pour asséner un « c’était mieux avant… »

Ça change, dans le sens où aujourd’hui toutes les dates des sorties semblent régies par une seule loi : s’en mettre plein les poches, et peu importe que le spectateur en éprouve du plaisir... Où est donc passée l’excitation que j’ai pu ressentir pendant 2 mois de fin janvier à fin mars 1996. Pourquoi de l’excitation ?

31 janvier 1996 : Seven de David Fincher

7 février 1996 : Strange Days de Kathryn Bigelow

21 février 1996 : Heat de Michaël Mann

28 février 1996 : L’armée des 12 singes de Terry Gilliam

13 mars 1996 : Casino de Martin Scorsese

Ça pique les yeux, non ? Vous croyez que les distributeurs se sont posés la question de savoir si leur film allait se faire bouffer par le concurrent ? Il n’y a que des monstres devant et derrière la caméra sur cette période de 6 semaines !

La concentration de films très attendus est aujourd’hui remplacée par un teasing (sur 2 ou 3 films par an) assené au marteau-piqueur à toutes les séances pendant les 6 mois qui précèdent la sortie. Un teasing matraqué entre 2 salves de pub de 10 minutes chacune, dans un multiplexe sans âme où l’on n’a même pas pris la peine de nettoyer les pop-corn de la séance précédente et qui jonchent le sol.

Le 13 mars 1996, je n’avais même pas fini de digérer les 2h50 de  « Heat » que je m’avalais déjà les 2h50 de « Casino » ! Incroyable, impensable, inimaginable aujourd’hui…J’en frissonne encore.

Il y a bien longtemps que je n’ai plus ressenti cette excitation, cette attente insoutenable avant les grands rendez-vous... Aujourd'hui j'espère juste que toutes ces promesses de bonheur cinématographiques ne seront pas déçues et que je ne serai pas le jouet de quelques « marketeux » au service de gens pour qui rien n’est plus beau que le bruit du tiroir-caisse.

Liste des films que j’ai choisis pour la période concernée (avec la date de sortie cinéma) :

Gazon Maudit – 8 février 1995

Usual suspects – 19 juillet 1995

Die hard 3 – 2 août 1995

Sur la route de Madison – 6 septembre 1995

Les 3 frères – 13 décembre 1995

Seven – 31 janvier 1996

Strange days – 7 février 1996

Heat – 21 février 1996

L’armée des 12 singes – 28 février 1996

Casino – 13 mars 1996

Leaving Las Vegas – 20 mars 1996

City hall – 19 juin 1996

Trainspotting – 19 juin 1996

Fargo – 4 septembre 1996

Sleepers – 30 octobre 1996

Tesis – 4 décembre 1996