Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CINEMANIAQ
9 avril 2013

Run Babe, Run !

marathon_man1

Courir, Courir toujours pour échapper au pire…Dustin Hoffmann fait sienne cette maxime  [1] (que je viens d’inventer chers lecteurs) dans un brillant thriller paranoïaque tourné au cœur des 70’s. Un film que l’on n’oublie pas. Plus de 20 ans que je ne l’avais pas revu et certaines scènes étaient encore parfaitement gravées dans ma mémoire…

Le thriller paranoïaque aujourd’hui disparu a fait les belles heures des amateurs de frissons dans les années 60 et 70. C’est un genre indissociable d’une époque, d’un contexte social et politique particulier, coincé entre la deuxième guerre mondiale et le début d’une crise économique qui a pris fin… Non, en fait, elle dure toujours ! Une époque faite d’organisations secrètes, de pouvoirs occultes et de puissances tapies dans l’ombre. Une époque faite de guerre froide, d’équilibre des forces, de luttes terribles entre capitalisme et communisme. Une époque où les bourreaux d’hier n’étaient pas tous enfermés (loin de là !) et pas si activement pourchassés.

Vous ne pensez pas qu’il y avait un terreau fertile, favorable à la paranoïa ? Assassinat d’un président, de leaders d’opinions, de combattants pour la liberté, dictatures aux portes de nos démocraties (Argentine, Chili, Grèce, Cuba…), espionnages, poussée du terrorisme, des extrémismes religieux… Quelle différence avec notre époque, hormis le fait que l’on assassine plus nos dirigeants à la face du monde ? L’accès à l’information en « temps réel ».

Dans ces années-là, l’information était nécessairement digérée, filtrée, analysée et surtout triée. On n’avait accès par les voix « classiques » qu’à ce que l’on voulait bien nous dire ou nous montrer. Le mensonge, la manipulation et la propagande était au cœur du système puisque l’ennemi était partout. N’était-ce pas la base pour créer un sentiment de paranoïa ?

Aujourd’hui, on réagit à chaud sur tout et n’importe quoi, les journalistes ont bien du mal à trier le flot ininterrompu d’images et d’infos qui transitent et déferlent sur nos pauvres petits cerveaux saturés. On en a tellement ras-la-gueule qu’on a même plus la force d’être parano.

N’en jetez plus ! On va peut-être en venir au film ? C’est bien pour ça que vous êtes là, non ?

Marathon Man est un film en béton. Sur un scénario diabolique, John Schlesinger filme une traque impitoyable au cours de laquelle il mêle espionnage, complot, méchants nazis et même des relents de McCarthysme. Balèze, non ?

Et ça tient la route au moins ? Parce qu’on se croirait un peu au bazar là ! Bien sûr que ça tient la route, mon bon monsieur. Je ne suis pas là pour escroquer le chaland !

Thomas « Babe » Lévy (Dustin Hoffman) est étudiant en fin de thèse à New York. C’est également un coureur de Marathon. Son père était un brillant professeur qui fut broyé par le McCarthysme et son frère (Roy Scheider, excellent comme toujours) est censé travailler dans le pétrole. Il est en réalité à la solde d’une mystérieuse organisation secrète (espion, barbouze, on ne sait pas trop). Babe va se retrouver impliqué dans les affaires de son frère (dont il ne connait pas les véritables activités) lorsque celui-ci est assassiné…

Outre son ambiance 70’s malsaine et parano, le film contient notamment une scène mémorable qui vous empêchera peut-être de rendre visite à votre dentiste pendant quelques temps, surtout s’il possède un nom allemand (comme le mien !).

Dès la scène d’ouverture (superbe), on est happé par une histoire qui distille le mystère dans une ambiance de menace latente parfaitement retranscrite. Et rapidement, on en vient à étouffer quand on réalise, à l’instar de notre héros « Babe » Levy, qu’il ne faudra faire confiance à personne.

Et c’est la grande force du film que de nous faire ressentir cette sensation d’étouffement, le sentiment d’une absence d’issue, d’autant plus qu’on ne sait pas bien pourquoi on cherche à l’éliminer. S’ajoute à cela un casting de premier ordre, outre Dustin Hoffmann et Roy Scheider, on trouve le terrifiant Laurence Olivier et la « gueule » fantastique de William Devane (avant qu’il n’intègre l’équipe du feuilleton « Côte ouest », il a fait plein de bons films, si, si !), et quelques plans absolument magnifiques (notamment lors de la scène filmée à « Arco Plaza » et ses escaliers rouges en plein cœur de Los Angeles ).

Marathon Man fait partie des incontournables et conserve un pouvoir de traumatisme intact même 37 ans après sa sortie. Son aura demeure importante en raison des quelques évènements « légendaires » qui y sont associés. La légende veut en effet que la fameuse scène mentionnée plus haut ait été édulcorée suite à des évanouissements de spectateur lors des visionnages tests.

Et puis, il y a cette fameuse réplique [2] de Laurence Olivier à Dustin Hoffmann lors du tournage d’une scène : « Et si vous vous contentiez de jouer ? » et dont l’interprétation peut largement différer selon les sources.

Pour information, à l’époque le film a réalisé le meilleur démarrage français de l’histoire (nombre de spectateurs le jour de sa sortie) le 8 octobre 1976, détrônant « Le Parrain ». Il a également été interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salle, mais rassurez-vous c’est sans danger…

Jérémy (Cinemaniaq)


[1] : Lorsque le brillant esprit fait preuve de sagesse, n’y tenant plus, la foule réclame (en anglais) d’autres pensées et s’écrit : « Maxim us ! ». 

[2] : A voir sur DVDClassik.com ou sur Wikipédia par exemple

Publicité
Publicité
Commentaires
CINEMANIAQ
Publicité
Brèves
Archives
Newsletter
Publicité