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CINEMANIAQ
3 janvier 2014

Homo homini lupus

Mercredi 1er Janvier 2014. Je me pointe au cinéma le plus proche pensant être un des seuls à mettre le nez dehors un jour férié après une soirée arrosée.

A 17h30, un seul film est programmé : Le loup de Wall Street. On était en réalité une centaine à avoir eu la même envie.

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Toujours pas de gangsters à l’horizon dans le nouveau film de Marty (après son « Hugo Cabret ») mais le pouvoir d’attraction du bonhomme est toujours intact ! Pas de gangsters mais toujours Leonardo Di Caprio, son (nouvel) acteur fétiche.

Un aspect rassurant, le film est d’une durée conséquente (presque « standard » chez lui) à savoir 2h59. Côté énervant, le cinéma prévoit un entracte de 10 minutes au milieu du film ! Hallucinant !

Ouverture. L’image se fige après quelques secondes et un voix-off prend la parole. Si je vous dis : « D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours rêvé d’être un gangster… » Evidemment, on pense aux « Affranchis » et c’est normal ! Si vous n’avez pas vu « Les Affranchis »… je ne veux même pas le savoir !

Comme le plus souvent chez Scorsese, le film est basé sur une histoire vraie et même précisément sur le bouquin écrit par le personnage principal du film, Jordan Belfort. A priori, je dois bien reconnaître que les bribes de l’histoire que j’ai lues ou entendues ça et là ne me font pas grimper au plafond. L’histoire d’un Golden-boy parti de rien et qui fait fortune à Wall Street dans la période la plus folle qu’ait apparemment connu la finance aux Etats-Unis, ce n’est pas franchement exaltant, si ?

Et pourtant… Le film est un missile qui file tout droit pendant 3 heures, sans une baisse de régime. Di Caprio est excellent comme d’habitude. Je le dis d’autant plus que je ne suis absolument pas fan de cet acteur. Mais il faut savoir reconnaître le talent quand on l’a sous les yeux. Et je défie quiconque de me montrer que Di Caprio n’est pas un immense acteur.

 

Pour vous livrer mon sentiment, je distinguerais deux aspects :

D’un point de vue cinématographique, on est en terrain connu, fric, drogue, sexe, pouvoir… Tous les thèmes chers à Marty sont là. Quelques scènes sont vraiment incroyables, et j’ai même ri de bon cœur parfois. La photo, les décors, les acteurs, la narration, le montage tout est beau, fluide, crédible, bien interprété.

Du point de vue de l’histoire, c’est dense, on a affaire à des personnages hors-normes dans un milieu hors-norme (et croyez-moi quand je dis ça, ce n’est pas galvaudé !). C’est sûr que le scénario ne tient pas sur un bout de papier Q.

 

En revanche, comment vous dire… Si l’on considère le tout (et c’est bien comme cela qu’il faut le considérer), le premier mot qui me vient c’est malaise. Un vrai malaise face aux évènements qui défilent sous mes yeux ébahis. Le film est un tel déballage de cynisme, de misanthropie, de cupidité, d’avidité que j’en avais presque la nausée à la fin (Le paquet de Hari-Croco avait également sa part de responsabilité, soyons honnêtes…).

Je n’ai pas réussi à trancher cette interrogation : ce malaise provient-il du fait que cette histoire est filmée avec complaisance, mauvais goût et outrance ou le film est-il justement réussi car j’éprouve ce malaise ?

D’où provient-il?

Est-il porté par le côté artistique du film ? Martin Scorsese n’est pourtant pas John Waters ou Alex de la Iglesia. Ce n’est pas son genre de verser dans l’outrance gratuite, de faire preuve de mauvais goût. Et c’est pourtant ce que j’ai ressenti. Un peu à mon corps défendant car je suis un grand admirateur du sieur Marty.

Ou bien est-il intrinsèquement lié aux us et coutumes de ce milieu dans cette période donnée. On sait tous depuis la crise financière que les traders ne sont pas des saints… Nombreux sont les témoignages ou les œuvres qui dépeignent un univers complètement marteau.

Mais n’est-ce pas respecter un artiste que d’oser critiquer son propos ou de douter de son propos ?

Quoi qu’il en soit, même si le film fait preuve d’un certain classicisme Scorsésien, (durée, narration, découpage, acteurs…), on est évidemment sur du haut de gamme. Bon nombre de jeunes réalisateurs feraient bien de s’inspirer de films comme celui-ci au lieu de nous servir leur soupe fadasse !

En attendant de digérer le film, je le recommande, ne serait-ce que pour partager votre sentiment à l’issue de cette orgie.

Bonne année!

 

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Commentaires
P
Un sympathique article que voici ! Ton opinion sur le film est claire et neutre à la fois : J'entends par là que tu as su t'exprimer clairement sur ta façon de voir le film tout en recommandant quand même à tes lecteurs d'aller le voir pour avoir leur avis et ça, j'adhère (non non, je ne vais pas plagier la célèbre phrase de notre canadien [pas] favori ;))
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M
Je confirme que Scorsese a réussi aussi à bien remplir la salle de ciné dans laquelle j'ai pu découvrir le dernier opus.. <br /> <br /> Bien installé avec mes à prioris carrément positifs je n'ai vraiment pas été déçu par le résultat qui est vraiment excellent. Ca fait plaisir de voir que les grands réussissent à tenir leur rang comme Tarantino l'a fait aussi en 2013 avec son Django.. On s'attend à du lourd et on en prend quand même plein les yeux...<br /> <br /> <br /> <br /> Bien sur comme tu l'as dit on est ici vraiment dans la veine scorsesienne et le film atteint presque à mon sens le niveau de casino.. <br /> <br /> Tout à fait d'accord sur Di Caprio.<br /> <br /> J'ai quelques réserves sur certaines scènes pas franchement indispensables (le yacht + la fin d'une des scènes de défonce) mais d'autres qui resteront vraiment longtemps avec des seconds rôles vraiment bien vus : Mcconaughey en trader (boum, boum, boum... énorme), kyle Chandler en agent du FBI et notre jean Dujardin national qui s'en sort plus que bien en banquier suisse. <br /> <br /> <br /> <br /> D'accord sur l'impression de malaise qui a retenu parfois mes rires lors de certaines séquences vraiment drôles (séquences comiques aussi nombreuses dans ce film que dans tout le reste de la filmographie de scorsese ou du moins la partie que je connais..) <br /> <br /> Je suis moins d'accord par contre sur le fait que ce malaise provienne de la manière de filmer avec complaisance ou outrance. Pour moi le malaise vient de l'histoire et des faits eux mêmes. Savoir qu'ils sont tirés de faits réels fait quand même flipper. L'exubérance ou l'outrance de certaines scènes symbolisent donc pour moi plutôt bien l'image que l'on se fait du monde de la finance boursière ou des quantités d'argent faramineuses voire carrément inconcevables sont déplacées en quelques secondes... <br /> <br /> Et puis on voit pas tous les jours du lancer de nains...<br /> <br /> <br /> <br /> Vivement 2014 avec the Irishman !!! <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Et s'il fallait ne retenir qu'une chose, c'est que notre blogueur s'enfile des paquets de haribo entiers dans les salles obscures... pas joli joli, et même déconseillé si tu veux continuer à décocher sur les courts des diagonales et des volées aussi radicales que tes punchlines !!!
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