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CINEMANIAQ
4 avril 2016

Spotlight

Les cérémonies de remise des prix liées au cinéma (Césars, Oscars) ont au moins deux vertus ; la première est dévolue aux insomniaques qui attendent avec impatience la fin février de chaque année pour faire (enfin) une bonne nuit de sommeil et la deuxième offre aux cinéphiles quelques séances de rattrapage avec le retour à l’affiche des films primés.

Grâce à cette dernière, j’ai réussi à voir Spotlight qui, malgré sa sortie récente (27/01), avait déjà disparu des écrans les plus proches de chez moi…

spotlight

Les Etats-Unis possèdent une longue tradition cinématographique en matière d’enquête sur des scandales ou complots en tous genres : de « Les Hommes du Président » (Alan J. Pakula, 1976) à Erin Brockovich (Steven Soderbergh, 2001) en passant par JFK (Oliver Stone, 1991).

Autant le dire tout de suite, Spotlight est un grand film, dans tous les sens du terme. Par son sujet, son casting, son économie d’effet et son sens du rythme.

Comment mettre en cause l’intégrité de la toute-puissante Eglise Catholique, dans une ville comme Boston, et démontrer qu’elle a couvert les agissements de prêtres coupables d’abus sexuels sur mineurs, sans que l’affaire soit étouffée ?

Tel est l’enjeu de ce film passionnant illustrant avec une force de conviction impressionnante le travail de journalistes d’investigations et leurs innombrables « petits » combats pour contourner les obstacles. Et qu’ils furent nombreux ! L’immense pouvoir de l’Eglise à Boston, la difficulté de faire parler les victimes, gagner la confiance d’un avocat, déjouer les pièges tendus par des « amis », éviter les compromis, lutter contre les lourdeurs administratives, pour ne pas dire les bâtons dans les roues… C’est un travail de titan auquel rend hommage le film.

Une des merveilleuses idées fût, je pense, de ne faire appel à aucune superstar du cinéma US, mais à des acteurs chevronnés et moins clinquants pour incarner les personnages emblématiques de ce scandale. Michael Keaton, Mark Ruffalo, Rachel McAdams, Liev Schreiber, John Slattery, Stanley Tucci… Tous sont impeccables et j’ai le sentiment que c’était le casting idéal. Incontestablement une des réussites majeures du film, d’un point de vue artistique.

Tom McCarthy réalise un travail de synthèse très équilibré puisqu’à aucun moment le spectateur n’est perdu dans les méandres de cette sombre affaire. Le film est également totalement centré sur le travail des journalistes et ne se perd pas en intrigues secondaires superflues. L’histoire personnelle de certains protagonistes n’est effleurée ou évoquée que par petites touches subtiles. Suffisant pour susciter une forme d’empathie et pour ne pas diluer la tension du film.

Avertissement : Ne lire les 2 prochains paragraphes qu’après avoir vu le film - SPOILER

Un proverbe que j’exècre affirme que le « mieux est l’ennemi du bien ». Spotlight apporte un démenti cinglant à cet aphorisme débile ! De ce minutieux travail d’enquête jailli un moment où suffisamment de preuves ont été réunies pour « faire tomber » un nombre conséquent de prêtres pédophiles. Cela aurait pu paraître suffisant à l’équipe Spotlight et à leur dirigeant et sans la volonté et la conviction de Marty Baron (joué par Liev Schreiber), déterminé à faire dégringoler tout le système, l’affaire n’aurait pu être qu’un pétard mouillé et le début d’incendie rapidement circonscrit par les pompiers de l’Eglise.

C’est cet aspect du travail journalistique qui est ici merveilleusement mis en lumière : la conviction que le scandale est toujours plus énorme que ce que l’on semble percevoir à première vue. Cela permet également, si l’on retourne à l’artistique, de maintenir une incroyable tension chez le spectateur. Car le timing est d’une importance capitale dans la dénonciation d’un scandale. A vouloir creuser toujours plus loin, on s’expose au risque de dévoiler son jeu à l’adversaire et de permettre aux « concurrents » de sortir l’affaire en premier.

Je pense en avoir assez dit pour que vous couriez acheter votre billet pour la prochaine séance…

Sachez toutefois que la séquence finale est également magnifique et fait surgir une émotion inattendue…

Probablement un des meilleurs films de l’année, un classique instantané et 2 prestigieux oscars totalement mérités !

FONCEZ !!

Cinemaniaq-

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