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CINEMANIAQ
19 août 2020

La rupture est consommée...

L’année dernière, je ne pus aller voir Once Upon a Time in… Hollywood pour sa sortie en salles. Je me suis organisé une séance de rattrapage hier dans le confort douillet de mon salon, impatient d’en découdre avec le L.A de la fin des années soixante version Tarantino. Comme à mon habitude, je ne savais rien ou presque sur le film que j’allais voir…

Once upon a time in Hollywood

Dès les premières minutes, c’est le choc ! Waow, que c’est beau, flashy et sexy ! Superbes images, couleurs chaudes et saturées, Brad Pitt, Léo Di Caprio, la reconstitution de L.A … ça sent bon le grand film !

Puis au bout d’une trentaine de minutes, le doute…

Puis, au bout d’une heure, le gros doute ! Où va-t-on avec cette histoire ? Car, cher lecteur assidu, tu dois savoir que rendu à ce point du film, il ne s’est toujours rien passé… ou presque.

Après 1h30, il a bien fallu que j’admette qu’aucune de mes attentes initiales ne se trouverait comblée. Quelles étaient-elles d'ailleurs?

Le film souffre exactement des mêmes tares que « The Hateful Eight ». Gros casting, références à gogo, images superbes d’un côté et malheureusement un verbiage sans queue ni tête, des scènes inutiles, aucune tension, aucun enjeu de l’autre. Durant les 2h40 que durent le long métrage, Tarantino s’amuse avec sa bande de potes, confortablement installé dans son univers ultra balisé et référencé mais il oublie de nous raconter quelque chose d’intéressant.

Alors, si vous n’avez pas encore compris, je vous fais la synthèse : Tarantino aime les Westerns, le kung-fu, les jolies femmes et leurs pieds. Et le monde du cinéma est en pamoison devant chaque nouvel avatar pondu par le maître du recyclage-hommage-assemblage.

Ca ressemble à une séance d’autosatisfaction, comme dans un club privé où se livre un entre soi bien établi, calibré, sans surprise et sans risque. Finalement, comme annoncé sur la jaquette (et sur les affiches) il s’agit du « 9eme film de Quentin Tarantino ». Quelle suffisance !

Il me semble qu’une composante sinon malsaine tout au moins « malaisante[1] » se fait jour dans le cinéma de Tarantino : cette propension à creuser le même sillon, autrefois si fertile, en y ajoutant cette touche de « révisionnisme » historico-cinématographique est terriblement dérangeante !

Si l’idée de faire assassiner par un commando le pire dictateur de l’histoire de l’humanité pouvait paraître jubilatoire et même présenter un caractère cathartique, tout comme l’implacable vengeance du Django version « Black » d’ailleurs, aucun de ces deux exemples ne niait l’existence de faits historiques possédant au demeurant un certain caractère d’universalité pour nous tous, êtres humains: le génocide et l’esclavage.

J’ai été choqué de l’utilisation d’un procédé similaire – et plus encore par le traitement qui en a été fait à l’écran – pour évoquer l’assassinat de Sharon Tate qui, si horrible soit-il, reste un faits divers. Nier l’assassinat dans des conditions abominables de cette jeune actrice ainsi que l’existence même de Manson (on ne le voit pas et il est juste une seule fois nommé « Charlie ») ne changera rien à la réalité des faits. Personnellement, je ne vois pas où est l’hommage ni même le but recherché. Cela ressemble juste à un prétexte douteux pour faire ce film.

Quentin Tarantino me fait de plus en plus l’effet d’un sale gosse, obsessionnel et régressif, à qui personne n’ose dire que son cinéma ne respire plus la sincérité depuis un bon moment.

La séquence finale a probablement alimenté les conversations vantant son talent et son génie alors qu’elle n’est que le reflet d’une bouffissure de complaisance tant j’ai eu le sentiment qu’on cochait les cases du cahier des charges établi pour faire du « Tarantino ».

Nulle trace d’humour, d’un quelconque recul ou volonté d’hommage dans ce Once Upon A Time in… Hollywood selon moi. Reste juste la vision d’un cinéaste autrefois génial qui nourrit aujourd’hui son public de ses obsessions jusqu’à l’écœurement.

En jetant un coup d’œil dans le rétro, j’en viens à me dire que Kill Bill était probablement l’apogée de sa filmo et que depuis lors, même si Inglorious Bastards et Django Unchained ont pu fait illusion, la descente est amorcée… Le plus dur n’étant pas la chute mais l’atterrissage.



[1] : oui, je peux me permettre un néologisme. C’est mon article, non ?

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