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CINEMANIAQ
18 décembre 2020

Boston Sad Story

Je ne suis pas le film le plus connu de mon réalisateur bien que je permisse à deux des acteurs principaux de recevoir un Oscar en 2003 pour leur prestation.

Je suis tiré d’un roman américain dont l’auteur a été maintes fois adapté au cinéma avec succès. Mon histoire se déroule dans une des seules grandes villes américaines possédant des rues sinueuses (Si, si ça existe !).

J’ai été  scénarisé par un type très doué qui s’est essayé lui-même à la réalisation à plusieurs reprises et qui avait également écrit le scénario du précédent film de mon metteur en scène, en 2002, lui aussi tiré d’un roman d’un auteur à succès… Vous suivez ou votre bulbe est à l’agonie ?

Bon, dernière chance…La ville en question est un des berceaux historiques des Etats-Unis, abrite deux des plus célèbres universités mondiales et est traversée par la rivière qui donne son nom au film… Je suis… Mystic River, bravo !

Mystic River

En 2003, Clint Eastwood réalise, sur un scénario de Brian Helgeland, une superbe tragédie tirée du roman éponyme de Dennis Lehane qui ne devrait pas te laisser indifférent, cher lecteur assidu, et risque même fort de te surprendre, te bousculer et même de te laisser un petit goût amer au fond de la bouche.

Vu à sa sortie, quelque part en Bastille et Gare de Lyon,  je ne pense pas l’avoir revu plus d’une fois avant de me décider hier soir sur une impulsion. Et surprise, comme je l’écrivis plus haut il y a seulement quelques instants, jamais le film ne m’était autant apparu comme une tragédie moderne bien plus qu’un film policier « à enquête », un thriller ou tout autre qualificatif permettant de le catégoriser.

17 ans après la première vision, j’ai été attiré par des aspects du film qui, sans m’avoir totalement échappé à l'époque, furent probablement éclipsés par mon appétit (très) prononcé pour les enquêtes policières à suspense. Et comme souvent pour les films où il y a crime et coupable à découvrir, le première vision focalise l’attention sur l'intrigue et diffère des visions suivantes (à condition toutefois que celui-ci mérite plusieurs visions !)

mystic river 2

Au-delà de cette enquête ou plutôt de sa résolution que tu suivras avec attention, lecteur captif de mon propos, ce qui frappe le plus est indéniablement l’extraordinaire densité scénaristique ainsi que la richesse des thèmes abordés : Le traumatisme et l’impossible guérison, l’amitié, la famille, l’amour, la mort, la justice, le déterminisme social, la culpabilité, la lâcheté, le poids des non-dits et de la communauté… Qui dit mieux ?

Et cela, Helgeland et Eastwood le doivent en premier lieu, au-delà du travail accompli par l’un et l’autre, à Dennis Lehane comme ce fut le cas pour Ben Affleck avec Gone, Baby Gone (2007) ou Martin Scorsese avec Shutter Island (2010).

Niveau casting, on est chez les Poids Lourds, haut de gamme sans être trop clinquant (comme souvent chez Clint Eastwood). Sean Penn, Tim Robbins, Kevin Bacon (non, ce n’est pas le fils de Francis !), Laurence Fishburne (a.k.a Morpheus pour les fans de Matrix), Marcia Gay Harden, Laura Linney et même un petit rôle pour le regretté Eli Wallach… on a vu pire, non ?

mystic river 4

mystic river 3

Au final, considéré comme un grand film à sa sortie, qu’en reste-t-il après presque 20 ans ?

Une enquête passionnante ? Oui, bien sûr…

Sean Penn et Tim Robbins impressionnants avec chacun un oscar mérité ? Oui, incontestablement…

Kevin Bacon et Larry Fishburne plutôt en retraits et même finalement assez fades en comparaison? Oui, c’est vrai aussi…

Une mise en scène très classe, sans esbroufe toute en suggestion, rage et  émotion contenues ? Clint Eastwood derrière la caméra… Ai-je besoin d’en dire plus ?

En réalité, ce qui est le plus prégnant dans mon esprit au moment où j’écris ces quelques lignes, c’est l’incroyable noirceur de cette histoire et le fait que je n’arrive pas à aimer, comprendre ou pardonner certains des personnages, en particulier les 2 protagonistes féminines. Alors que je suis souvent (légitimement) déçu par le manque d’épaisseur ou d’impact des femmes dans les policiers/thriller – elles furent trop longtemps réduites au rôle de faire-valoir des caractères masculins, il est vrai – je dois admettre que celles de Mystic River n’ont été ni « épargnées » ni oubliées dans un coin !

Marre des potiches qui ne font que regarder amoureusement leurs hommes commettre des horreurs et semblent n’être qu’un personnage sans conscience ni consistance ? Mystic River risque fort de vous surprendre sur ce point…

Loin de tout manichéisme, mettant au centre du jeu des interactions entre des personnalités complexes, le film livre une galerie de portrait où les hommes sont bien loin d’avoir toutes les cartes en main. Leur virilité et leur violence ne les protègent pas de grand-chose et surtout pas d’eux-mêmes.

Un profond sentiment de fatalité auquel s’ajoute la sensation qu’aucune rédemption n’est possible finit par m’envelopper. Il y a dans cette histoire terrible toute la puissance du déterminisme social, "atavique" et écrasant que je résumerais ainsi : quoique l’on fasse, quoique l’on tente, on peut faire illusion mais on reste ce que l’on est. Et ce que l’on est, on ne l’hérite pas uniquement de ses aïeux mais aussi de son milieu, de la « communauté », des individus que l’on croise et des évènements qui en découlent…

mystic river 5

La fin du film, loin d’apaiser ce sentiment, laisse de surcroît planer une lourde ambigüité et l’on reste pantois devant ces actes et leurs justifications, livrés par des personnages au fond tous détestables, à l’exception d’un seul.

Note: j'utilise ici le mot "atavique" de manière impropre en assimilant le milieu social à un être vivant mais lui seul me permettait de traduire ma pensée. Si ça te pose problème, lecteur cultivé mais néanmoins peut-être fatigué, fais-le moi savoir par écrit!

Cinémaniaq

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Commentaires
Y
Bien vu!!!! <br /> <br /> comme dab!!!! <br /> <br /> On ne change pas...comme dirait la grande schlagatte canadienne!!!!!!
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