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CINEMANIAQ
1 janvier 2021

Tant de talent, c'est du Vice!

Tu dois te dire cher lecteur, sans qui ces quelques lignes n’auraient finalement que peu d’intérêt, qu’après t’avoir délaissé pendant de longs mois, Cinemaniaq est à nouveau sur les rails et enchaîne les chroniques à un rythme respectable…Et tu as raison ! Quand on a le cerveau disponible pour cela (comme disait feu Patrick Le Lay), il ne faut surtout pas s’arrêter. La vie est ainsi faite que parfois l’envie ne suffit pas et d’autres conditions sont nécessaires.

Laissons derrière nous cette année pourrie et démarrons en fanfare avec une nouvelle chronique, sur un film comment dire… ? Nom d’une pipe en bois, QUEL FILM ! J’ai pris une bonne grosse claque hier soir, une fois l’écran noir tombé. Un grand moment de cinéma, un film qui donne une foi infinie en cet art. Tant que des réalisateurs seront capables de faire preuve d’une telle vitalité, d’une telle inventivité formelle, d’une telle maîtrise de l’écriture et de la mise en images, toute forme d’espoir sera permise face à l’invasion de films pour crétins décérébrés bourrés d’effets spéciaux numériques afin de mieux masquer leur vacuité…J’arrête là, tu connais la chanson cher lecteur plus fidèle qu’un berger allemand.

Mais…tu me lis depuis quelques minutes déjà et on ne sait toujours pas de quel film il s’agit.

J’ai regardé Vice d’Adam McKay sorti en 2018 sur nos écrans. Et si comme moi, tu ne connais pas ce réalisateur et que tu souviens juste de Dick Cheney comme vice-président de Georges W. Bush, alors accroche-toi !

Vice

L’ouverture du film est magistrale. En une dizaine de minutes avant que le générique ne se fasse, j’ai été accroché comme rarement ces derniers temps. L’introduction précise que tout est vrai ou essaie de s’approcher au plus près de la vérité, l’ensemble des véritables noms des protagonistes ayant d’ailleurs été conservé, bien que Dick Cheney fût l’un des hommes le plus secrets de l’histoire politique américaine[i].

Mais loin d’adopter la forme classique d’un biopic, Adam McKay fait un pari (gagnant) osé : celui de raconter la vie de cet homme sur un ton extrêmement caustique et mordant, à un rythme d’enfer soutenu par un montage absolument fantastique, mélange de dynamisme et d’audace au service d’idées de mise en scène brillantes.

Dick Cheney fut donc le vice-président de « W » certains s’en souviennent et d’autres pas. Comme cela est mentionné dans le film, on dit que c’est « un poste qui ne sert à rien », celui-ci se « roulant les pouces en attendant le décès du président ».

Je me souvenais bien de lui et mais également d’autres membres de l’administration Bush Jr. tels Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Colin Powell ou encore Condoleeza Rice mais j’étais loin de soupçonner son énorme influence, son emprise dirais-je même, sur les évènements survenus lors des deux mandatures de Georges W. Bush.

Le film soutient une thèse intéressante et à mon sens hautement plausible sur la manière dont les « faucons » ont fait main basse sur le pouvoir entre 2000 et 2008 et utilisé le président comme une marionnette. Cela fut maintes fois évoqué y compris pendant la période que nous évoquons. Mais ce qui rend le film si crédible c’est l’évocation de la naissance de Cheney en tant qu’homme politique et la manière dont les relations nouées au sein du congrès (en particulier Donald Rumsfeld) alliées à son intelligence et son aplomb, lui ont permis de gravir les échelons du pouvoir. Cette partie de sa vie est brillamment racontée en ellipses d’une exemplaire fluidité si bien que l’on ne se sent jamais perdu.

Lorsqu’on atteint la « période présidentielle », le 11/09, le combat contre les talibans, le Patriot Act, les armes de destruction massive de Saddam, l’invasion de l’Irak et… la naissance de l’EI, là, c’est l’orgie !

Le film démonte (et démontre) les mécanismes qui ont conduit aux évènements que nous connaissons tous et dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. J’étais intéressé par la politique US à cette époque mais certaines choses m’avaient échappé et j’en suis resté bouche bée.

Si le fond est évidemment passionnant, fruit d’un travail d’investigation conséquent et d’une simplification (dans le bon sens du terme) parfaitement maîtrisée, que dire de la forme ?

Nous sommes là en présence d’un long métrage à l’opposé du film biographique empesé et linéaire déroulant sans saveur la vie d’un homme qui a tout fait pour demeurer dans l’ombre. Montage dynamique, flashbacks enchevêtrés mais limpides, qualité des dialogues, idées scénaristiques et de mise en scène géniales (je ne vous dis rien, il est bien plus agréable d’être surpris n’est-ce pas ?), n’en jetez plus ! C’est du grand art !

Adam McKay nous sort le grand jeu avec en prime la volonté de montrer, de défendre un point de vue et de faire réfléchir.

Cependant, au-delà de toutes ces qualités, je placerais encore un cran au-dessus l’éblouissante performance de Christian Bale. God Damn ! What a fucking actor! Epaulé par un casting solide et homogène sans être clinquant (Steve Carrell, Sam Rockwell, Amy Adams), Bale livre une fabuleuse interprétation de ce personnage énigmatique, calculateur, brillant et sans pitié, tout en rage contenue avec une énergie et une conviction qui force l’admiration. C’est monstrueux ! On ne distingue même plus ni son visage ni sa diction si particulière. Et quelle présence à l’écran !

Inutile me semble-t-il de continuer à égrener des arguments, tu dois déjà te demander comment te procurer le film (si c’est de manière illégale, je ne veux pas le savoir…).

Le cinéma US fait montre une nouvelle fois de son incroyable vitalité et de sa capacité à faire face à son histoire, même la plus récente et dans sa face la plus sombre. Chapeau bas, M. McKay !

N.B : Et n’oublie pas de regarder le générique jusqu’au bout…

 

Bonne année à tous,

Cinématographiquement vôtre

Cinemaniaq



[i] : Je me suis tout de même demandé quel degré de véracité a pu être atteint lorsqu’on imagine les difficultés auxquelles a dû faire face l’auteur, eu égard au poids politique et à la personnalité de Dick Cheney.

 

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Commentaires
M
Nom d'une pipe ! impatient de voir le film du coup...<br /> <br /> <br /> <br /> Et ravi de pouvoir lire à nouveau tes contributions cinéphiles avisées.<br /> <br /> <br /> <br /> 2021 commence plutôt bien finalement !!
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