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CINEMANIAQ
21 octobre 2013

Du cinéma sans âme

Robert De Niro et Michelle Pfeiffer partagent l’affiche du dernier film de Luc Besson, adapté d’un (très bon) roman de Tonino Benacquista. Et le film en question est produit par Martin Scorsese. Merde, ça a de la gueule, non ?

Sur le papier, oui…Cher amis lecteurs, outre le fait que je n’ai rien publié depuis cinq mois, que vous m’en voulez pour cela (**), que la France n’est pas au mieux de sa forme (politiquement et économiquement), outre le fait que l’automne arrive et que c’en est fini des mini-jupes et des ensembles tongs-short de plage dégueulasses qui pourrissent notre vue pendant l’été, Luc Besson sort un nouveau film.

Ce qui aurait été un évènement  considérable il y a encore quinze ans provoque aujourd’hui une attente fébrile, mélange d’appréhension, de peur et de tristesse à l’idée de voir une nouvelle catastrophe cinématographique… Vous me trouvez dur, peut-être ? Soit, mais objectivement, depuis Jeanne d’arc, le jadis génie du cinéma français s’est transformé en machine à produire des bouses pour adolescents boutonneux pas exigeants, tant qu’il y a des meufs canons, de la baston et du pop-corn à gogo.

Malgré la charge qui précède, j’ai tout de même réservé mes places pour l’avant-première de Malavita vendredi dernier.

malavita

J’ai essayé d’aborder la séance avec le minimum d’a priori espérant bénéficier des éléments cités en tout de début de chronique. Un casting haut de gamme, un des plus grands réalisateurs en activité à la production et un matériau de base de qualité.

Dès le début, ça s’est mal engagé… La scène d’ouverture est catastrophique, ponctuée par une explosion aux trucages numériques immondes et tellement mal foutus qu’il est impossible de ne pas s’en apercevoir. Ensuite, De Niro n’est pas doublé par Jacques Frantz (sa voix française habituelle) mais ça Besson n’y pouvait rien. Et pour finir, les 15 premières minutes s’achèvent sans rythme, sans passion…

Que vous ayez lu ou pas Malavita, cela ne devrait rien changer à l’affaire. On retrouve la trame du bouquin et l’histoire est vraiment originale. Mais il manque l’essentiel pour une telle adaptation : le ton. Luc Besson ne semble même pas hésiter sur celui à choisir. Tout est fait avec une lourdeur et une mécanique tellement évidente que l’on n’éprouve aucun plaisir.

C’est le défaut majeur (et d’ailleurs cette difficulté était tout à fait prévisible) du film. Là où le bouquin trouvait un ton juste et faisait alterner humour (noir) et violence, choc des cultures et illustration des codes de la mafia, le film oublie tout cela pour nous déballer une enfilade de scènes qui ont l’air déconnectées les unes des autres. Et le pire de tout, c’est qu’aucune nuance ne vient titiller notre ressenti. Toutes les scènes de violence sont désamorcées par un traitement débile, fait de cadrage foireux et de musique rock à chier, histoire de bien appuyer son propos : tout cela est follement hilarant...Le décalage des situations et leur contraste aurait dû être suffisant pour faire naviguer nos sentiments.

Encore eut-il fallu avoir la volonté de faire un film pour  adultes et ne pas nous prendre pour des cons. Un traitement plus nuancé, faits de contrastes bien marqués entre rires et éclairs de violence aurait décuplé les effets du film.

Au niveau du jeu, De Niro n’apporte rien d’exceptionnel alors qu’il y avait là une belle occasion de faire un paquet de clins d’œil à sa carrière (voir le film pour comprendre) avec notamment la scène du film qui s’y prête à merveille : la projection au ciné-club du village.

Je trouve que Michelle Pfeiffer s’en sort très bien en revanche, alors que Tommy Lee Jones traverse le film comme un fantôme et que les deux gamins ne m’ont rien inspiré de particulier.

Au lieu de la bombe annoncée, on se trouve face à un divertissement pop-corn sans aucune envergure, troussé à la va-vite dirait-on par un Luc Besson fidèle à lui-même ces dernières années. Symbole de cette déchéance, avec un budget de 30 millions de dollars, on a droit à des trucages numériques vérolés (l’explosion au début, celle de la fin) et à des reconstitutions cheap de New York. Même la photo de Thierry Arbogast est décevante… Qu’est venu faire Marty dans cette galère ?

 

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Commentaires
Y
comme tu dis "du cinema sans ame", je dirais du cinema luc besson
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